« Le traumatisme est une réponse physique, cognitive, affective et spirituelle concrète des personnes et des collectivités à des événements et à des situations qui sont objectivement traumatisants. » (Burstow, 2003)
Le cerveau humain est étonnamment complexe. Il s’adapte en fonction de l’expérience et de l’environnement et change avec l’âge. Comprendre certains de ces changements augmentera votre capacité à travailler avec des femmes de tous les âges qui ont survécu au traumatisme, et en particulier les femmes aînées qui font face à divers obstacles pour obtenir de l’aide.
Comme point de départ, cette illustration montre une vue latérale du cerveau.
Cliquez à droite sur les différentes zones du cerveau ci-dessous pour en savoir plus sur les fonctions qui y sont reliées. Vous pouvez aussi suivre le lien ci-dessous pour colorier, sauvegarder et imprimer votre propre carte du cerveau.
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Un traumatisme est un événement (ou une série d’événements) qui provoque la peur, l’horreur ou la terreur en plus d’une perte de contrôle réelle ou ressentie. Le mot traumatisme désigne aussi les façons dont les événements traumatiques peuvent désorganiser le fonctionnement. Les femmes sont environ deux fois plus à risque que les hommes de faire l’expérience des effets d’un traumatisme qui se caractérisent comme des symptômes du trouble du stress post-traumatique (TSPT) à la suite d’un événement traumatique (Voges et Romney, 2003).
Un traumatisme peut être un seul événement (comme une agression sexuelle ou physique qui ne se produit qu’une seule fois); des expériences prolongées ou répétées (comme de la violence interpersonnelle de la part d’un conjoint ou d’une conjointe pendant des décennies); des événements qui s’accumulent (comme de la violence dans l’enfance, de l’abus et du racisme) ou des événements historiques qui ont des effets prolongés (comme la colonisation).
Comme les personnes, des communautés entières ou toute une collectivité peuvent être traumatisées. Le traumatisme individuel doit être compris dans le contexte plus large des systèmes d’oppression et de désavantage social qui touchent les femmes marginalisées de tous les âges.
Une survivante de traumatisme pourrait avoir vécu de la violence physique, sexuelle, émotionnelle et verbale. Elle pourrait avoir été traumatisée par de multiples agresseurs au cours de sa vie. Une femme pourrait se trouver dans une situation de menace immédiate et avoir peur pour sa sécurité et pour sa vie. Nous étudierons le cerveau avec la lentille du traumatisme et nous nous concentrerons sur les parties du cerveau qui sont affectées par la peur – parce que lorsque nous parlons de traumatisme, nous parlons de la peur.
La peur est une réaction fondamentale qui a évolué dans l’histoire de l’humanité pour nous protéger de la menace (« Comprendre la réponse au stress », 2018). La peur commande notre attention. Lorsque nous sommes terrifiées, notre cerveau pensant cède la place à notre cerveau émotionnel et la cascade de défense qui en découle est automatique (Cuncic, 2018).
Le cerveau est souvent divisé en trois parties qui sont interconnectées.
En termes d’évolution, c’est le néocortex qui est la partie la plus récente du cerveau humain. Il est responsable du langage, de l’apprentissage, de la pensée abstraite et de la mémoire.
Tous les mammifères ont un système limbique, les humains, les tigres et même les souris.
Le cerveau reptilien contrôle les fonctions vitales du corps dont la fréquence cardiaque, la température du corps et l’équilibre.
Noter: Cliquez sur les étiquettes violettes et en savoir plus sur les différentes parties du cerveau.
Votre cortex préfrontal est la partie de votre cerveau responsable de la pensée rationnelle et de la planification. Lorsque vous décidez ce que vous préparerez pour un repas, vous utilisez votre cortex préfrontal. Il vous aide à organiser l’information et à choisir ce qui devrait attirer votre attention; ce dont vous vous souvenez dépend de ce à quoi vous avez prêté attention. (Wilson, Lonsway & Archambault, 2018). Lorsque vous vivez un traumatisme, votre cerveau choisit les détails auxquels prêter attention, et à quel niveau, selon les besoins nécessaires pour survivre.
Maintenant, le cerveau émotionnel – un groupe de structures qui forment le système limbique. Le système limbique, que l’on appelle aussi le cerveau mammalien, est apparu avant le cortex préfrontal. Nous partageons cette partie du cerveau avec tous les mammifères – les chiens, les tigres et même les souris. Le système limbique nous permet de ressentir de l’amour, de la haine, de la colère, de la joie et de la peur. Lorsqu’une femme est menacée, son système limbique prend le dessus et son cerveau choisit comment elle va réagir avant qu’elle puisse logiquement évaluer les résultats de ses actions (Bailey, 2018).
Les parties du cerveau qui sont essentielles pour comprendre la réaction d’une femme au traumatisme sont l’amygdale, l’hypothalamus et l’hippocampe.
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qui ne détecte pas de danger et d’un autre qui est en « mode alerte ».
Coloriez le cerveau qui ne détecte pas de danger
L’amygdale reconnaît l’information émotionnelle comme les expressions faciales et joue un rôle clé dans le conditionnement – le processus d’apprentissage très inconscient qui fait que nous approchons des choses qui nous récompensent et que nous évitons celles qui nous punissent. C’est de l’amygdale que part la réaction de peur qui, comme un détecteur de fumée, nous avertit des premiers signes de danger (Bailey, 2018).
Voir la vidéo complémentaire en ligne. C’est le grille-pain qui permet d’expliquer cette métaphore plus en détail.
L’amygdale de chaque personne a un niveau de sensibilité différent. Si nous voyons l’amygdale comme un détecteur de fumée, nous pourrions dire qu’une femme qui a survécu a un traumatisme a un détecteur de fumée extrêmement sensible, installé directement au-dessus d’un grille-pain, par conséquent, le détecteur se déclenche souvent même s’il n’y a pas de feu. Dans le cadre de votre travail, vous avez peut-être déjà vu une survivante en détresse sans raison apparente. Elle a une raison. Son détecteur sent la fumée.
L’hypothalamus est le centre de commande du cerveau. Il contrôle la respiration, la tension artérielle et la fréquence cardiaque. Lorsqu’une femme rencontre une menace, son amygdale avertit son hypothalamus, qui elle, signale à ses glandes surrénales d’envoyer de l’adrénaline et du cortisol, des produits chimiques qui préparent son corps à l’action (Comprendre la réaction du stress », 2018).
L’hippocampe joue un rôle très important dans la formation, l’organisation et l’entreposage des souvenirs. Il aide aussi à relier les sensations et les souvenirs (Cherry, 2018). Lorsqu’un son ou une odeur ou tout autre information sensorielle déclenche chez une femme le rappel d’un traumatisme ou le lui fait revivre, c’est son hippocampe qui fait les connections.
L’exercice du bouchon qui saute montre comment le cortex préfrontal et le système limbique sont liés. Essayez ceci maintenant : fermer le poing avec le pouce à l’intérieur de vos doigts; c’est notre modèle du cerveau. Levez ensuite votre main pour la voir de face. Votre pouce est le système limbique, votre cerveau émotionnel (amygdale et hippocampe) qui traite la mémoire. Vos doigts sont votre cortex préfrontal, votre cerveau pensant.
Lorsque les souvenirs du traumatisme sont déclenchés ou qu’une survivante de traumatisme se sent menacée, elle fait sauter le bouchon et cela crée une mauvaise connexion entre le cortex préfrontal (les doigts) et le tronc cérébral (le pouce) ce qui fait que la partie logique de son cerveau, celle qui résout les problèmes, devient inaccessible (Bailey, 2018). Quand une personne a fait sauter le bouchon, il se produit souvent des réactions émotionnelles intenses.
Matière à réflexion :
Vous est-il déjà arrivé que le bouchon saute à un moment inapproprié pour exprimer votre colère ? Qu’avez-vous pensé de vos gestes par la suite ?